mardi 26 mars 2013

LE DESIR

Une réflexion sur le désir se présente d’emblée comme une réflexion sur sa profonde ambiguïté qui est aussi celle de l’homme en son essence. Le désir est toujours désir de quelque chose. Ce « quelque chose » nous manque, que nous en ayons un besoin vital ou non. Ainsi, le désir pourrait se définir par la tension vers le « désirable », que celui-ci soit un objet, une personne ou encore un état de choses. De là, la possession du désirable conduirait à la satisfaction, à la plénitude, à l’apaisement. Le mouvement du désir trouverait ici sa fin. Mais nous savons d’expérience qu’il n’en est pas ainsi. D’une part, l’objet désiré une fois qu’il est possédé perd le plus souvent son caractère de désirabilité. D’autre part, une satisfaction complète du désir semble impossible puisque le désir ne cesse de se tourner vers de nouveaux objets dont il est privé. Sans manque, le désir s’éteindrait. On pourrait dire que cette « fuite en avant » du désir résulte de la distance qui sépare l’homme du seul état en lequel il pourrait se repaître, à savoir le bonheur. Mais on peut aussi penser que jamais le désir ne pourra trouver dans le monde d’objet qui lui convienne ou le satisfasse pleinement. Le désir se définit ainsi par une démesure à l’égard de ses objets. Comme pure puissance de l’homme, comme dimension fondamentale de son essence, il ne s’éteint qu’avec la mort. Ainsi, on comprend que l’insatisfaction le caractérise en profondeur en quoi il peut être utile de trouver des moyens de réguler ou de maîtriser le désir, notamment pour qu’il ne perturbe pas outre mesure l’activité rationnelle de l’homme. Mais peut-être aussi l’insatisfaction du désir est-elle le moteur de l’activité de négation et de transformation du monde et de l’homme. Sans désir, aucune création ne serait plus alors possible.

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